Le magazine ELLE DECOR britannique et les magasins CONRAN SHOP se sont associés pour combattre le marché de la contre-façon.
Ils se sont amusés à découper 5 copies d'icônes du design afin de montrer de quoi étaient fait ces fameux faux.
![]() |
Chaise longue et ottoman. Charles Eames. 1956 |
Je salue l'initiative, mais je ne suis pas certaine que le client lambda comprenne la démarche.
Car soyons honnête; dans une société où l'objet est de plus en plus consommé pour des raisons ostentatoires, il serait certainement plus pertinent d'expliquer le pourquoi des prix prohibitifs, plutôt que de montrer de quoi ils sont fait.
Le statut d'icônes fait l'attrait de ces produits. On s'arrête à l'image. Ce qu'ils ont à l'intérieur, soyons réaliste, on s'en fout! La notion du coût de développement, de création, de fabrication, de savoir-faire ou de qualité, ça n'intéresse personne.
Le statut d'icônes fait l'attrait de ces produits. On s'arrête à l'image. Ce qu'ils ont à l'intérieur, soyons réaliste, on s'en fout! La notion du coût de développement, de création, de fabrication, de savoir-faire ou de qualité, ça n'intéresse personne.
![]() |
Fauteuil oeuf. Eero Saarinen. 1958 |
Je ne crois pas que le consommateur de faux soit un consommateur mal informé. Je crois tout simplement que c'est un consommateur fauché, frustré et franchement fainéant.
Et s'il avait réellement besoin d'être rééduqué, il faudrait d'abord changer la société dans laquelle il vit. Est-ce que l'on peut lui en vouloir, quand on lui rabâche à longueur de journée que pour "être", il faut "avoir" ? Et qu'on lui agite sous le nez des choses auxquelles il n'a pas accès. On ne peut pas lui en vouloir de prendre des raccourcis pour obtenir ce que l'on tient hors de sa porté.
Et s'il avait réellement besoin d'être rééduqué, il faudrait d'abord changer la société dans laquelle il vit. Est-ce que l'on peut lui en vouloir, quand on lui rabâche à longueur de journée que pour "être", il faut "avoir" ? Et qu'on lui agite sous le nez des choses auxquelles il n'a pas accès. On ne peut pas lui en vouloir de prendre des raccourcis pour obtenir ce que l'on tient hors de sa porté.
![]() |
Fauteuil club Ic3.Le Corbusier. 1928 |
Le marché de la contre-façon ne vole pas de clients aux marques. Et je ne crois pas non plus qu'il décourage les jeunes designers. Au contraire, il incite à plus de créativité. Car quoi de plus malin que de conserver une longueur d'avance afin de tenir son audience en haleine?
Philippe Stark en est une parfaite illustration. Il ne fait ni de compromis sur la qualité de ses créations, ni sur la qualité de leur fabrication. Il est copié comme tous les autres, mais sa boulimie créatrice lui permet de se maintenir en tête du peloton.
Certe, il est difficile à Charles Eames (17/06/1907 - 21/08/1978) ou Le Corbusier (6/10/1887 - 27/08/1965) de créer d'avantage... mais dans ce cas, c'est aux maisons d'éditions de trouver de nouveaux designers et d'en faire de nouvelles icônes.
![]() |
Chaise et Ottoman Barcelona. Mies von der Rohe. 1929 |
La question qui peut se poser, c'est celle de la démocratisation du design. Question qui n'a pas lieu d'être, puisque la définition première du design est de produire industriellement en tenant compte de la forme et de la fonction (définition du design).
Ce que ELLE et CORAN défendent c'est une catégorie de designs qui s'adresse non pas au plus grand nombre, mais à une élite.
On parle ici de petites séries destinées à un public averti. Si l'on passait à une production plus importante (qui serait une des réponses possibles pour des prix plus abordables), ces objets perdraient leur statut d'oeuvres et redeviendraient des produits de consommation courante (horreur).
Ce que ELLE et CORAN défendent c'est une catégorie de designs qui s'adresse non pas au plus grand nombre, mais à une élite.
On parle ici de petites séries destinées à un public averti. Si l'on passait à une production plus importante (qui serait une des réponses possibles pour des prix plus abordables), ces objets perdraient leur statut d'oeuvres et redeviendraient des produits de consommation courante (horreur).
![]() |
Chaise DSR. Charles Eames 1948 |
C'est le serpent qui se mord la queue, car si tout le monde avait accès à ces fameuses icônes, elles perdraient alors tout intérêt.
Comment inciter à consommer plus de "vrais", tout en gardant ce statut d'exclusivité et permettre à ceux qui les achètent de se sentir spécial?
Apple a réussi ce pari. La marque produit en série des objets qui sont fonctionnels, esthétiques et fabriqués industriellement; Ce qui ne les empêche pas d'être de véritables icônes contemporaines.
Comme quoi, il n'est pas impossible de concilier statut de star et production de masse.