mardi 17 juillet 2012

Anniversaire d'expat

Aujourd'hui est un jour un peu particulier.
Il y a de ça 7 ans, j'arrivais en Chine. Ma première expérience d'expatriation. Je venais de décrocher mon premier boulot de designer pour une boite américaine, dont l'unité de production était basée à Hangzhou.

Il y a 7 ans donc, ma vie prenait un nouveau tournant: Je commençais ma carrière, je rencontrais Billy mon petit frère et ami et je découvrais la vie de français à l'étranger.

Ca faisait un petit moment que je voulais commencer une série sur l'expatriation, et j'attendais cette occasion pour me lancer. Inspiré de la série initié par Stéphanie sur son blog La vie à philadelphie..., je vais essayer de faire aussi bien.
Mon premier interview sera donc le mien (il faut bien commencer par quelqu'un):

Patel et Chambier à Hangzhou


Première expérience d'expatriation?

J'en suis à ma deuxième actuellement. 
La première fois, c'était il y a 7 ans. Je débarquais en Chine pour bosser comme designer textile dans une usine de production à Hangzhou (Nord-Ouest de shanghai). C'était pour un contrat de 2 ans. Je n'avais pas le statut d'expat, mais celui d'immigré. Pas évident pour une première fois, parce qu'il fallait tout gérer soi-même: papiers, assurance, appart... l'usine s'est occupé de pas mal de choses à condition que je reste sous sa coupe. Je dormais 2 étages en dessous de mon bureau. C'est vite devenu insupportable. En plus, l'usine était en banlieue, alors pour sortir et se changer les idées c'était pas évident (je travaillais 6 jours par semaine). Il a fallu pas mal batailler pour s'émanciper et sortir de son carquant.
Aujourd'hui c'est un peu différent. Je vis aux Etats-Unis, je suis mariée à un américain, donc encore une fois ce n'est pas vraiment une expérience d'expatriation. Mon chéri a géré mon arrivée et les papiers. Par contre, le boulot, c'est pire qu'en Chine! Je bosse 24/7 et je dors dans mon bureau... (je rigole, je suis freelance et j'ai des mômes)

Le pays était-il un choix? Pourquoi?

Pour la Chine, non. 
Je galèrais en France pour trouver du boulot. C'était une opportunité à ne pas manquer! Excitante, différente. C'était l'aventure.
J'aurais plutôt choisi les Etats-Unis, si j'avais pu, à l'époque.
Les Etats-Unis, j'en avais envie ados. Ben voilà. J'y suis. Le bon vieux rêve américain. Cliché à mort, mais j'assume.

Départ longuement préparé?

Pour la Chine, pas du tout. Ca a été une espèce de fuite en avant, Un quadruple saut-périlleux arrière dans le vide, les mains attachées et les yeux bandés. Tout s'est passé très vite. En 1 mois, j'ai tout largué (mec, appart, boulot de merde...) et j'ai débarqué en string (façon de parler) à Hangzhou.

Les US, ça a pris 8 mois pour avoir le visa fiancé. Mais ça n'empêche que j'ai rien préparé non plus. De tout façon, je crois vraiment que personne n'est jamais préparé pour ce genre d'expérience. Quoiqu'on imagine, c'est toujours différent. c'est comme d'avoir des enfants. Tu les vois à l'echo, tu sais combien ils pèsent, tu connais leur profil, leur sexe, tu sais comment tu vas les appeler, tu sais grosso-modo comment changer les couches... mais une fois qu'ils sont là, c'est jamais comme tu l'avais pensé. C'est mieux. C'est mille fois mieux.

Qu'est-ce qui t'a poussé à partir?

L'envie de me réaliser à presque 30 ans (mieux vaut tard que jamais); Besoin de me prouver à moi-même que j'étais "capable" et responsable en tant qu'adulte et surtout en tant que designer.
Le sentiment de n'avoir encore rien accompli et l'envie de "faire". J'en avais marre de fantasmer sur un avenir, je voulais réaliser mes rêves de création et d'indépendance (comme ça semble con).
Rien à voir avec la culture ou la découverte du pays. C'était très égoïste comme désir.

Quel cadeau l'expatriation t'a-t'elle fait? Qu'est-ce que tu as appris?

Le plus beau cadeau, c'est certainement une plus grande ouverture d'esprit et une tonne de tolérance en plus. Le désir et l'envie de m'intéresser aux autres et de la curiosité.
La Chine m'a débarrassée de mes oeillères.
J'ai appris que la culture de son pays, on la portait en soi. Etre français a pris une autre signification. S'ouvrir à une autre culture, c'est ne rien perdre de la sienne, mais au contraire, c'est l'enrichir. Il faut être capable de désapprendre ce que l'on sait pour réapprendre de nouvelles vérités. Ca a l'air de rien dit comme ça, mais c'est super dur et surtout très douloureux. Ca n'a pas été facile et ça l'est toujours aujourd'hui.

Comment perçois-tu la France de ton pays d'accueil?

Je me suis jamais posé la question de savoir ce que je pensais de la France, lorsque j'y étais.  Mais je m'y suis toujours senti bien. 
Depuis que je suis partie, je vois le pays comme une carte postale. Je crois que j'ai tendance à trop idéaliser. Tout est super, tout est génial... même les commerçants désagréables, ils font parti du patrimoine! Je les trouve "authentiques" comme dirait Pagnol.

Qu'est-ce qui te manque le plus?

Le son des cloches qui sonnent les heures. La vue d'un clocher. Les pierres de tailles. La délicatesse de l'architecture française en général. La beauté du pays et la mauvaise humeur des gens.

Fin de contrat et retour prévu?

Pas de fin de contrat prévue. On pense à la retraite en France, mais pas avant... ou alors pour les vacances, mais ça compte pas.

Qu'est-ce qui va le plus te manquer?

Ce qui me manque de la Chine, c'est son énergie et le vent de création qui souffle en permanence et te donne des ailes pour te lancer dans n'importe quelle aventure. 
Ce qui me manquerait si je devais quitter les US, c'est le côté accueillant et commerçant. Tout le monde est adorable ici, même si c'est que de la façade, c'est franchement agréable.

Envie d'une nouvelle expérience? Où? Pourquoi?

Plus très envie de bouger, pour être honnête. Je sais pas si c'est le chien, la maison, les 2 moufflets et le mari?
Si je devais repartir, je crois que je choisirais l'Afrique. Je suis jamais allé sur ce continent... 




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